Pourquoi la règle des tiers fonctionne
On l’enseigne dans tous les cours de photo, mais on explique rarement pourquoi la règle des tiers fonctionne. En fait, cette règle n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen d’atteindre le véritable but: créer des photos captivantes. Dans le mot captiver, il y a captif. Il s’agit ici de l’œil du spectateur. On veut qu’il s’attarde sur la photo le plus longtemps possible.
Dans mon atelier Photos en liberté, Nicole Vachon m’a soumis récemment la photo ci-dessus qui illustre parfaitement le phénomène. Lorsqu’on regarde cette photo, on ne voit que le chien. On ne va pas s’y attarder outre mesure.
En recadrant la photo pour placer le chien à la règle des tiers, on voir d’abord celui-ci, mais l’œil se déplace ensuite vers l’arrière-plan. La photo raconte maintenant une histoire. On s’y attarde.
Maintenant qu’on sait pourquoi on applique la règle des tiers, ça devient plus facile de savoir quand il ne faut pas l’appliquer. La photo ci-dessus prise par Claude Goutier lors de l’atelier Vacances photo est symétrique. L’œil parcourt d’abord naturellement la ligne centrale. Il s’attarde ensuite sur les côtés, puis sur le baldaquin de l’autel en bas.
Dans cette photo prise par Marie-Josée Michaud dans mon cours Architecture créative, il n’y a pas de point fort. L’œil est captivé par le point de fuite et par les couleurs. En photo d’architecture, il y a rarement un élément qu’on peut placer à la règle des tiers. Il faut davantage jouer avec les lignes pour captiver le regard.
La règle des tiers est généralement contre-indiquée pour les photos prises avec un objectif grand-angulaire comme cette photo que j’ai prise à une focale de 10 mm. Comme ce genre d’objectif renforce les perspectives, l’œil aura naturellement tendance à parcourir s’escalier de haut en bas. Il reste captif car l’espace est fermé des deux côtés.
Dans cette photo prise par Nicole Boucher lors d’un atelier sur le Canal du Midi, l’œil va suivre la perspective de la rue. Pour le garder dans la photo, il est nécessaire de terminer cette perspective avec le mur de gauche. La touche de lumière est un autre élément important qui contribue à captiver le spectateur.
Une autre façon de captiver le regard est d’offrir un double point de vue. Le graveur néerlandais M. C. Escher utilise souvent cette stratégie. Dans cette photo prise par Marie-Berthe Daigneault dans le Grand Séminaire lors de mon atelier Vacances photo, nous avons une vue plongeante dans l’évier qui s’oppose à la vue qui apparaît dans le miroir.
Comme on peut le constater, pour rendre une photo captivante, il faut diriger le regard du spectateur afin de le garder dans la photo le plus longtemps possible. Quand vous prenez des photo, cherchez toujours une façon d’accrocher le regard et de le garder à l’intérieur de la photo. Toutes les règles de composition ne sont simplement que des méthodes éprouvées pour atteindre ce but.